Météo Montaillou

14/08

Fête du village

Organisé par la Municipalité les 14 et 15 Août.

20/08

Concert dnas l'Egliste - 18h

Quatuor HORA PRESTA "D'Amérique Latine...aux Balkans"

HISTOIRE

Les registres de l'Inquisition par Jacques Fournier par Jean Duvernoy

A l’automne 1309 l’inquisiteur de Carcassonne, le Dominicain français Geoffroy d’Ablis, fait arrêter tous les habitants de deux villages du Midi : Montaillou et Verdun-Lauragais.
De ce dernier nous ne savons presque rien, si ce n’est le nom de quelques condamnés. De Montaillou, pour ce premier quart du XIVème siècle, nous savons, sinon tout, du moins l’essentiel de la démographie, des conditions de vie, des mœurs et des croyances.
Ces renseignements sont les plus complets et les plus cohérents, mais on pourrait de même reconstituer, pour la même période, la vie dans les localités de la haute Ariège, à Ax, Tarascon  et dans maint village. Le même document nous fournit d’autre part des témoignages directs et émouvants de Juifs, de lépreux, de Vaudois et autres victimes de l’intolérance.
Le document, conservé à la Bibliothèque Vaticane (Lat. 4030) se présente comme un registre d’interrogatoires d’inquisition, mais il est unique à bien des égards. Le juge est l’évêque de Pamiers, Jacques Fournier, un cistercien originaire de Saverdun, qui deviendra cardinal comme son oncle, puis pape en 1334 (Benoît XII). Le notaire est Guillaume Peyre-Barthe, originaire de Mirepoix. De leur collaboration sont nés ces récits qui sont autant de confessions, et dans lesquels ont été retenus tous les détails qui pour nous n’ont pas de prix.

Leur collaboration est née à l’occasion du premier grand procès confié à Jacques Fournier par le pape Jean XXII en 1319, celui du Franciscain Bernard Délicieux. Ce dernier, plus de vingt ans auparavant, était entré en guerre contre l’Inquisition de Carcassonne et l’évêque d’Albi, qui inquiétaient les notables par des procédures iniques, la prison et la torture, pour en obtenir des dénonciations mensongères et de l’argent. Le Franciscain était parvenu à convaincre Philippe le Bel, et, avec l’appui de quelques cardinaux, dont l’oncle de Jacques Fournier, Arnaud Noubel, un ancien professeur de Droit, le pape Clément V. Celui-ci, en 1312, avait décidé que désormais les sentences de l’Inquisition seraient prononcées aussi par l’évêque du lieu, Jacques Fournier n’hésita pas à inverser cette procédure : ce serait lui qui « enquêterait », et l’inquisiteur qui s’unirait à lui pour la sentence.
Jacques Fournier, qui d’ailleurs n’était pas seul juge, ne put qu’épargner à Bernard Délicieux le bûcher ou la pendaison. Mais il chargea le notaire de noter in extenso ce que le Franciscain avait dit pour sa décharge, c’est-à-dire un implacable réquisitoire conte l’Inquisition dominicaine.

Le hasard (?) amena Jacques Fournier en 1312 à interroger une dame résidant à Dalou, entre Foix et Pamiers, mais dont le premier mari avait été châtelain de Montaillou. Béatrice de Planissolles, qui a eu naguère les honneurs d’un opéra et d’un roman, ne laissa rien ignorer des relations qu’elle avait eues avec le recteur de Montaillou, Pierre Clergue, le frère du bayle  comtal, et, ce qui était plus grave, de sa tolérance, voire même de sa faveur, pour le catharisme. Or, après la tragique rafle de 1309, il avait été le plus ferme collaborateur de l’Inquisition de Carcassonne.

Jacques Fournier voulut entendre tous les rescapés. Il apprit ainsi l’existence en Catalogne et au royaume de Valence de fugitifs de Montaillou, Tarascon et Junac et parvint, grâce à un mouchard, à les faire arrêter. Il y avait parmi eux deux fils d’un tisserand cathare de Montaillou, Perre et Jean Maury, des bergers de transhumance, dont le récit est d’un intérêt exceptionnel. Puis il consacra ses dernières années sur le siège de Pamiers à dénouer une affaire de faux témoignage devant l’Inquisition contre un notaire de Tarascon.
Par fierté de son œuvre, ou par précaution, quand il fut transféré à l’évêché de Mirepoix en 1326, il chargea des « libraires » toulousains de transcrire en « belle lettre » les écritures de son fidèle notaire et de son successeur. Ils en firent deux volumes, qu’il emmena à Avignon, mais dont un seul est parvenu jusqu’à nous.